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  • Photo du rédacteurYokatsuki

Chapitre 1 : Tornade

Dernière mise à jour : 24 nov. 2019

Première année de collège, rentrée des classes. Oh, pitié. J’ai onze ans, douze le trente et un mars de l’an prochain, et franchement, je n’ai pas envie de me coltiner des gosses de mon âge. Ils sont si peu matures que tous leurs cerveaux réunis ne pourraient atteindre le QI d’une vache. M’enfin ! Je devrais pouvoir m’intégrer en rigolant à leurs vannes de CE2. Même si de ce côté-là, je ne suis guère meilleure qu’eux. Je devrais surtout commencer à croiser les doigts pour ne pas avoir à me lever de ma chaise et me présenter à tout le monde comme dans la moitié des films américains pourris le jour de la rentrée. Mais je crois que je ne vais pas y échapper. On est une classe de vingt cinq, notre prof principal est un homme assez flippant qui pourrait potentiellement être un pédophile caché et mes camarades de classe ont tous l’air… Paumés. Puis je crois que toutes les filles sont naïves et superficielles, vu leurs dégaines. Je ne juge pas les gens, loin de là. Je me fais simplement une idée de ce qu’ils pourraient vouloir faire ou dire. Oui, c’est juger sur l’apparence. On fait avec ce que l’on a, pas vrai ? Je ne vais pas aller dire à tout le monde qu’il ou elle est comme ci ou comme ça, je me fais simplement une idée de comment sont les personnes qui m’entourent.


« -Thomas Peterson, j’ai onze ans et je viens de l’école d’à côté, donc je connais déjà pleins de gens ! annonce le garçon à ma droite.

-Euh… Sa voisine, présente-toi, dit le professeur en me parlant.

-Yokatsuki Hanarimo Chiho Floody, onze ans, naturellement peu bavarde, dis-je sans prendre la peine de me lever. »


Cela commence comme ces histoires de préadolescents rebelles qui s’asseyent au fond de la classe pensant être supérieures aux autres et qui répondent aux profs mais qui vont trouver l’amour et finir heureux dans un monde rose bonbon. Qui n’a jamais pensé ça en lisant un livre de ce genre ? Evidemment que ça part mal. Les autres élèves de mon âge ne savent rien de la vie. De la vraie vie, je veux dire. Pour ma part, j’en ai déjà trop vu. Si cela ne tenait qu’à moi je ne serais déjà plus de ce monde, malheureusement… Certaines choses me retiennent. Comme par exemple le futur. J’espère beaucoup de mes années de collège. Beaucoup. J’espère me faire des amis, de vrais amis sur qui je pourrai compter, et surtout, j’espère que ma situation familiale s’améliorera rapidement. Mes deux parents sont bel et bien en vie et en parfaite santé, ne sont pas divorcés et… Je crois qu’ils s’aiment. J’imagine. Et pendant que je pense à mes géniteurs, le prof explique le fonctionnement du collège et distribue des papiers.

Toute la matinée se déroula de cette façon. Durant la petite récréation, j’ai discuté avec des personnes de ma classe. En effet, ils ne sont pas très matures. Mais c’est tout à fait normal, puisque nous n’avons que onze ans. Maintenant, je connais surtout les noms et prénoms de tous les élèves de ma classe. Certains sont émerveillés par la longueur du mien. J’ai trois prénoms, en même temps. Yokatsuki Hanarimo Chiho. Le premier, c’est mon prénom. Le deuxième… Oh, et puis à quoi bon ? Ce n’est absolument pas intéressant.

Une certaine Mafuyu, brune et plus petite que moi, a l’air de vouloir devenir mon amie. Ce qu’elle a l’air, surtout, c’est d’être sympa. Je l’aime bien, elle a une façon de parler assez mignonne. A côté, mon voisin de table Thomas paraîtrait presque méchant. Pourtant, ce n’est pas le cas. Ils ont l’air sympa, même s’ils ne sont pas très matures. Même s’ils ne savent rien de ce monde cruel et sans pitié, ils ont l’air sympa. Je pense que je pourrai devenir rapidement amie avec pas mal de gens.

Ma vie se déroule comme dans ces livres un peu nuls et pas bien écrits, oui. J’espère que cela s’améliorera, avec le temps…


A la fin de la matinée, je profite du beau temps pour rentrer lentement à pied chez moi.

Une fois devant la porte de ma maison, je prends une inspiration et tourne la poignée. J’entre et me retourne pour fermer la porte, mais, sur la route, j’aperçois un garçon qui doit avoir mon âge. Je ne l’avais jamais vu. Il rentre visiblement du collège. A pied. Peut-être que je vais faire des trajets avec un futur ami, à partir de maintenant ? Il me regarde et me fait un signe de main en souriant. Il m’avait déjà vue, il n’aurait pas pu me remarquer alors que je suis cachée par la porte. Je lui fais aussi un signe de la main puis regarde où il va. La maison en face de la mienne. Il faudra que je sorte en même temps que lui, demain. Ce serait cool de ne plus faire le chemin à pied seule, contrairement aux années précédentes.

Je ferme finalement la porte et me dépêche d’aller poser mon sac dans ma chambre. Je crois que mon père m’a entendue. Il monte les escaliers, je reconnais ses pas. Je veux juste pouvoir me relaxer et penser à demain sans avoir peur. C’est tout ce que je demande. Alors… Pourquoi est-ce qu’il entre dans ma chambre sans frapper ? Pourquoi me regarde-t-il comme si je n’étais qu’une ordure ? Et pourquoi me pousse-t-il de sorte à ce que je heurte le mur de tout mon corps ?

Pourquoi se met-il à me frapper ? Pourquoi utilise-t-il ses pieds pour me briser les côtes ? Pourquoi prend-il du plaisir à me voir souffrir ? Pourquoi n’utilise-t-il pas sa force pour aider plutôt que pour frapper ?

Parce que j’existe ?


J’aurais aimé ne jamais venir au monde.


Comme chaque soir, je me relève dès qu’il est sorti de ma chambre. Il me traite de tous les noms en me frappant. Cela résonne dans ma tête. Avant, je croyais que tous les enfants subissaient le même traitement, donc c’était normal pour moi. Mais j’ai découvert que ce n’était que moi, donc j’ai commencé à le cacher du mieux que je le pouvais. Malheureusement, mon père m’interdit de soigner mes blessures, la plupart du temps. Ma mère ne dit jamais rien et parfois même elle me frappe aussi. Moins souvent. Et elle n’a pas l’air de tant aimer ça… Mais elle le fait. Je suis presque sûre que mon père l’oblige d’une façon ou d’une autre.

Et comme chaque soir, je vais manger en compagnie de mes parents qui font comme si je n’existais pas. Mon assiette est là, mais ils discutent entre eux. Puis, comme chaque soir, je vais me doucher pour faire passer la douleur avant d’aller me coucher.

J’envie ces enfants peu matures qui ne connaissent rien de la vie. J’aurais aimé ne rien savoir, être immature, comme eux.


Alors pourquoi ?

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