Je me réveille en sursaut, mon réveil sonnant comme un taré parce que j’ai oublié de l’enlever hier soir. Je me tourne, me retourne, puis me souviens. Je me lève, prends mon téléphone et regarde ma conversation avec Melyan. Il m’ a envoyé un message pour me demander si j’étais réveillée il y a cinq minutes. Je lui réponds et me dépêche de m’habiller. A peine ai-je eu le temps d’enfiler mon pantalon et un tee-shirt qu’il m’appelle. Je mets une veste en jean puis décroche. Heureusement que je suis en vibreur, quand même…
« -‘morning, murmurais-je en décrochant.
-Hey, princesse.
-Je suis pas une princesse…
-A mes yeux, si.
-Dragueur à deux balles ! J’arrive.
-… Vraiment ?
-Oui.
-Floody, sors de ta chambre, gronde mon père.
-Oh merde… murmurais-je pour moi-même.
-Ne raccroche pas, ordonne Melyan.
-Mais…
-Floody !
-J’appelle les flics si ça dégénère, je te jure, dit Melyan d’un ton sans appel.
-... D’accord. »
Je mets mon téléphone dans la poche intérieure de ma veste en jean et sors de ma chambre en prenant un air indifférent. Je fais donc face à ma mère qui me regarde… Comme si elle était désolée… ? C’est la première fois que je vois ça, je crois… Enfin bref, je dois me dépêcher. Je vais au salon et là, je vois mon père debout près de la table basse, un beau cutter bleu et gris à la main.
Non. Je panique. Je veux pas. Pitié… Pas ça. Pas ça. Non.
« -Cutter… murmurais-je en espérant que Melyan m’entende.
-Floody, devant moi. »
Je m’approche, me mets devant lui et il pose sa main libre sur ma tête pour m’obliger à me mettre à genoux. Il prend mon bras, baisse ma manche et passe lentement la lame de cutter le long de mon avant-bras comme si ce n’était rien d’important, rien d’humain. Puis une douleur atroce me tiraille en bas du dos. Je me replie sur moi-même, tirant sur mon bras, et me mets à hurler de douleur. C’est à cet instant que je crois entendre un « bip » annonçant la fin d’un appel. Melyan. Il a raccroché. Il m’a abandonné ? La douleur est insupportable… Mon père me crie de la fermer, de me taire, mais j’y arrive pas. Mon dos, ma jambe, mon bras… J’ai tellement mal… ! Fait chier !
Je sens à nouveau la lame pénétrer ma peau, plus haut sur mon bras, et un filet de sang s’écoule lentement jusqu’au sol. Mon géniteur me crie de me taire, me menace de me tuer si je n’arrête pas, et je finis par simplement gémir de douleur. Je veux mourir. En cet instant, je ne vois pas d’autre solution que la mort. Ces marques resteront à vie, je ne pourrai jamais oublier toute cette douleur. Alors… A quoi bon ? Qu’il me tue, qu’il m’ouvre les veines, qu’il me fasse me vider de mon sang…
« -Ouvrez la porte ! »
Je ferme les yeux, à bout. Si je dors, je meurs. Alors… Pourquoi ne pas faire une petite sieste ? J’entends des bruits vagues autour de moi, je perçois mon sang sur mon bras… Ma vision se trouble, j’entends un son strident et insupportable… Puis plus rien.