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  • Photo du rédacteurYokatsuki

Chapitre 2 : Tsunami

Dernière mise à jour : 24 nov. 2019

Je me réveille, encore fatiguée, et me lève rapidement. J’ai cours. Dans une demi-heure, je dois âtre arrivée au collège. C’est pour cela que je me dépêche d’aller prendre mon petit déjeuner, seule dans la cuisine. Après ça, je repars dans ma chambre pour m’habiller et préparer mon sac tout en me brossant les dents. Une fois fin prête, je mets mes chaussures et sors de chez moi sans un bruit pour ne pas réveiller ma mère qui dort encore à cette heure. Le trajet n’est pas long mais j’aime prendre mon temps afin de profiter de ma liberté entre la maison et le collège. A huit heure et quart, j’arrive devant les grilles de l’établissement. La petite Mafuyu vient tout de suite m’accueillir en souriant, accompagnée de Kana et Lola, deux filles de ma classe. Je les salue gentiment, comme si j’étais leur égale, puis la sonnerie nous indique qu’il est temps d’aller en cours.

Je me retrouve à côté de Lola qui n’arrête pas de parler à tous ses voisins, aussi bien à côté que devant ou derrière elle. La prof d’histoire ne semble pas le remarquer puisqu’elle continue d’expliquer comment l’année va se dérouler. J’aurais bien envie de lui dire que notre professeur principal nous a déjà tout expliqué hier, mais elle a l’air si bien partie… Donc je me tais. Je réponds parfois à Lola et écoute d’une oreille les explications inutiles de notre professeur d’histoire pendant toute l’heure.

Il me tarde de découvrir le goût de la nourriture de la cantine.

Mais tout d'abord, un problème se présente à moi. Je ne sais pas où sont les toilettes. Les filles m'ont dit que c'était au bout d'un couloir à gauche mais je sais pas du tout quel couloir. Ni quelle gauche. En cherchant, je me heurte à quelqu'un à peine plus grand que moi. Cette personne me crie presque dessus en me disant de regarder où je vais quand je marche mais se tait tout de suite en me voyant. Cette même personne est le garçon que j'ai vu hier soir en rentrant chez moi. Il s'excuse et semble gêné, ce qui lui donne un air idiot. J'en profite pour lui demander s'il sait où se trouvent les toilettes dans ce collège beaucoup trop grand pour moi, même s'il est petit par rapport aux autres de la région, et le garçon m’indique le fond du couloir où nous nous trouvons.

Je le remercie et m'y rends, mais une fois arrivée, je me rends compte d'une chose plutôt embêtante. Ce sont les toilettes pour garçon. Donc ce n’était pas que son expression, il est vraiment idiot... Sérieusement !


Ah, le voilà qui arrive presque en courant.


« -Excuse-moi, vraiment ! C'est l'habitude, enfin... Tu comprends, je vais pas tous les jours aux toilettes des filles !

-Ne t'en fais pas. Le problème ne vient pas de toi mais du fait que les toilettes des garçons et des filles soient à deux endroits différents et pas côte a côte.

-D... Dis... C'était toi, à la porte d'une maison, hier ?

-Ouais. Je t'ai pas vu partir, ce matin, d'ailleurs.

-Ma mère m'a amené. Ça te dirait qu'on fasse les trajets ensemble ?

-Avec plaisir ! Je m'appelle Yokatsuki Hanarimo Chiho Floody, mais appelle-moi Yokatsuki !

-Melyan Rivey ! Je suis en sixième.

-Pareil.

-Bon, et si on essayait de trouver ces fichues toilettes ?

-Excellente idée, Rivey.

-Appelle-moi Melyan, ça fait bizarre sinon...

-Je trouve que ça sonne bien, pourtant. Sinon, tête de poney c'est pas mal aussi.

-On s'est encore jamais parlé que tu connais son surnom, dit une voix moqueuse derrière nous. »


Je me retourne et découvre un garçon brun, aussi petit que moi et qui a l'air vraiment, vraiment stupide. Encore plus que Melyan. Il s'approche en souriant et se présente, visiblement content de rencontrer quelqu'un de nouveau.


« -Adam, pour vous servir.

-Mec tu sais pas où sont...

-T'es pas le mec protégé de la folle psychopathe ? demandais-je en me remémorant mes discussions de la veille avec Mafuyu.

-Si. Sélène, respecte la un peu s'il te plait.

-On verra. Bon, je vous laisse.

-Tu ne veux plus de mon aide ? demande Melyan.

-Non, je vais trouver. Rejoins tes... Amis, ajoutais-je en secouant la main pour montrer

le fameux Adam. »


Sur ces mots, je repars à la recherche des toilettes des dames. Endroit que je ne trouve finalement pas avant la sonnerie. Ce n'est que deux heures de cours plus tard que Mafuyu m'emmène directement là-bas après que je le lui aie demandé. C'est dans ces moments la que je me sens bête. C'est dans ces moments-là que je me sens comme tous les enfants de mon âge.

Puisque c'est la pause de midi, nous allons au réfectoire pour manger, Lola, Mafuyu et moi. Nous nous asseyons toutes les trois à une table et commençons à discuter quand d'autres personnes de notre classe viennent s'installer. Parmi eux, j'aperçois des gens que je reconnais, dont Melyan et Adam.


« -Adam, t'es débile, tu peux pas bouffer autant ! dit Melyan en riant.

-N'insulte pas Adam, face de cheval, dit une fille aux cheveux noirs à côté du brun.

-Sélène les insultes d'un cheval ne me font rien, dit Adam en soupirant.

-Ils en font, du bruit, ces trois-la... murmure Mafuyu en se penchant vers Lola et moi.

-Hey, Yokatsuki, tu manges pas beaucoup ! dit Melyan en souriant bêtement.

-Je n'ai pas un grand appétit.

-Tu les connais ? demande Lola.

-Oui. Ils ont l'air sympa.

-Eh Lélio tu me passe ton flan ? demande Adam en fixant un blond en face de lui.

-Non, c'est mon flan...

-Yokatsuki, tu me passes ton flan ?

-Si tu veux. »


Le garçon me remercie, tout sourire, et prend son précieux. J'aime bien ces gens-là. Je pense que je peux devenir leur amie... J'imagine. Pour le moment, c'est ce que je vais faire. Et qui sait, peut-être qu'un jour je pourrai parler de mes problèmes à l'un d'eux ? J'aimerais bien. Mais pour le moment, je dois terminer de manger.


Cette année là, je suis restée dans un petit groupe plutôt sympa composé de Melyan, Adam, Sélène, Lélio, Lola et Mafuyu. Parfois, on restait avec Thomas, aussi. La plupart du temps, c'est Melyan qui insistait auprès d'Adam et Sélène pour nous rejoindre. Lélio s'en fichait pas mal, parfois même il venait naturellement vers nous. Mafuyu et Lola ont fini par bien s'entendre avec les autres, si bien que Lola est tombée amoureuse de Melyan. Adorable.


Notez l’ironie.


Mafuyu quant à elle tente désespérément depuis quelques mois de se rapprocher d'Adam. Malheureusement pour elle, Sélène surprotège le brun. Personne ne l'approche, surtout pas une fille. Et puis, au final, on se retrouve tous séparés en cinquième. Nous avons tous pris nos marques, je sais où se trouvent les toilettes et ça c'est important, mais surtout, on a formé un vrai groupe soudé. Le problème, parce qu'il y a toujours un problème, c'est que je suis dans une classe d'inconnus. Pas une seule personne que je connaisse ne s'est retrouvée avec moi. Même pas Thomas. Pendant que les autres sont au moins deux, je me retrouve seule. Sauf durant les récréations, du coup.

D'ailleurs, nous sommes en novembre et je ne me suis encore fait aucun ami dans cette classe. Ils m'ont même donné une réputation de fille asociale qui s'incruste dans un groupe d'amis qui n'est pas le sien. Je m'en fiche pas mal, de ce qu'ils pensent, mais ce qu'ils disent, en revanche, c'est assez blessant. Je n'en ai pas parlé aux autres, je n'en vois pas l'utilité. Tant que ces idioties n’arrivent pas à leurs oreilles, ils n’ont pas à savoir.


Aujourd'hui, nous sommes lundi et il est midi trente. Nous mangeons tranquillement au self en discutant de nos prochains cours.


« -Eh, Yoka, tu manges pas ? demande Melyan, assis à ma gauche.

-Je n'ai pas très faim.

-Tu sais, si tu ne manges pas plus on va voir tes os à travers ta peau, c’est pas super stylé !

-Mais non, je n'ai jamais beaucoup mangé.

-Depuis un an que je te connais, je t'ai jamais vue prendre une entrée, un plat et un dessert en un repas.

-Melyan, ne t'en fais pas pour moi.

-Oh... Tu t'es blessée ? »


Le garçon avance sa main vers mon visage et décale une mèche de cheveux avec deux doigts. Je secoue la tête et éloigne sa main de mon visage en lui disant que ce n'est rien. Melyan me regarde d'un drôle d'air puis me sourit bêtement, comme à son habitude. Je ne comprends pas bien ce qu'il essaie de faire. Cela fait un moment qu'il essaie de gratter des infos sur mes blessures assez subtilement mais à chaque fois je le repousse. Et il continue. Il m’énerve.


« -Une cicatrice à l'arcade sourcilière, c'est pour les bad boys, pas les frêles jeunes filles, plaisante Melyan.

-C'est une bad girl plus qu'une frêle jeune fille, dit Lola avec une moue boudeuse.

-Je suis pas une mauvaise fille !

-C'est mignon, les bad girls, dit Melyan en riant moqueusement.

-C'est plus mignon les filles mignonnes, ajoute Lélio tandis que Lola hoche la tête.

-Dis Yokatsuki, t'es plus bad boy ou premier de la classe ? demande Adam tandis que Sélène le fusille du regard.

-Je sais pas, je me pose pas vraiment la question. Et toi, Adam ? Gentille fille mignonne ou brute ?

-Ha ha, une fille que je pourrais protéger, ça, ce serait le rêve. »

Sélène s’étouffe avec ses pâtes et je pouffe de rire.


Mafuyu me revaudra ça. J'ai essayé de gratter des infos auprès d'Adam pour elle. D'ailleurs, elle est en train de sourire niaisement. Lola, elle, est en train de parler avec Melyan de ses goûts et des siens. Je crois qu'elle s'en sort bien. Mais bon, on est en cinquième. Ils ont le temps, eux.

Après le repas, nous repartons en cours. Il fait froid et peu de salles sont bien chauffées... J'aime l'hiver, mais pas dans ces jours-là. Le vent froid calme un peu la douleur de mes cicatrices mais pour les bleus et les coups, j’avoue que je préfèrerais avoir une bouillotte. Ou au moins un radiateur, mais là il est éteint. Sérieusement, il doit faire deux degrés dehors et ils allument pas tous les radiateurs ! On se les gèle… Mais surtout, j’aimerais… Rentrer chez moi. Je commence à galérer à cacher ma douleur. Hier, quand mon père m’a poussée contre mon bureau, je ne me suis pas que coupée au sourcil. J’ai surtout bloqué ma jambe droite, je pouvais plus me lever. Après ça, il m’a frappé de nombreuses fois donc je ne sentais plus la douleur à ma jambe tant j’avais mal dans le dos. Maintenant, par contre, je n’ai plus mal qu’à ma jambe droite. Je crois que je vais pas me relever de ma chaise. Ah, si. Mais j’ai du mal.

Je me lève pour aller dans la prochaine salle de cours où je vais passer la dernière heure de la journée. Heure qui me semble durer une éternité. En plus avec le prof tout mou qu’on a, merci hein… Une fois ce moment de torture intense terminé, nous sortons de cours. Au portail, j’aperçois Mafuyu discuter avec Adam puis lui dire au-revoir, le visage rouge. Il s’est passé un truc. A côté, Lola et Melyan attendent que j’arrive. Lorsque j’arrive devant eux, Lola nous dit au-revoir et rentre dans son bus. Je me retrouve seule avec Melyan, comme d’habitude. Sauf que là, c’était bizarre. Nous rentrons lentement tous les deux, en silence. Jusqu’à ce que Melyan se décide à m’expliquer l’ambiance.


« -Lola s’est déclarée à moi.

-Ah ?

-Je l’ai repoussée.

-Oh…

-… Tu comptes ne rien me dire ?

-Je… Tu l’as fait pleurer ?

-Non.

-Alors j’ai rien à dire, répondis-je en riant avant de me mordre l’intérieur de la lèvre à cause de la douleur. Bordel…

-Yoka… ?

-C’est rien, t’inquiète. Je suis tombée dans les escaliers, j’ai mal à la jambe.

-Dis…

-Oui ?

-Elle m’aime depuis longtemps, Lola ?

-Un moment.

-Et… Tu… »


Je trébuche alors que Melyan hésite à parler. Le garçon me rattrape de justesse tandis que je serre ma jambe en me mordant la lèvre. J’ai vraiment, vraiment mal… !


« -Assieds-toi, Yoka. T’as vraiment pas l’air bien. En plus t’es hyper pâle !

-On est presque chez moi, je peux… Bordel, M… Melyan, s’il te plait, aide-moi à marcher.

-Non. Assieds-toi.

-C’est rien.

-Déjà, quand tu commences à dire que c’est rien ou à faire ce regard, c’est que c’est pas rien.

-Hein ?

-Je suis pas aveugle, ni naïf. Il se passe un truc mais tu ne dis rien.

-Je veux bien t’en parler, mais s’il te plait, aide-moi à… Rentrer chez moi.

-… Très bien. »


Melyan m’aide à passer mon bras sur ses épaules et nous allons jusqu’à ma maison. Une fois devant la porte, je lui dis de me laisser mais il refuse. Ca, non. Mon père est sûrement là et je ne peux pas le laisser rencontrer Melyan. Ni un de mes amis. Pas encore. Je plonge mon regard dans celui du garçon et le lui demande une dernière fois. « Rentre chez toi. ». Melyan soupire et s’en va, vexé. Je… J’ai envie de l’appeler. Je ne sais pas pourquoi. Je veux… Je veux qu’il reste, mais je ne veux pas qu’il rencontre mon père. Qu’est-ce que c’est que cette sensation ? Qu’est-ce que je veux ?

Je dois rentrer. J’ouvre la porte, entre, ferme la porte et c’est mon père qui m’accueille. Il a l’air énervé. Très énervé.


« -Qui est ce garçon ? demande-t-il en montrant la fenêtre du doigt.

-Un garçon de ma classe…

-Pourquoi t’aidait-il à marcher ?

-Il voulait être gentil…

-Tu n’as pas besoin d’aide. Vas dans ta chambre. Tout de suite. »


Je ne réponds pas et vais rapidement à l’étage. Je ne pense pas aller manger ce soir… Je ne peux plus marcher. J’ai beaucoup trop mal. Il faut que j’aille à la salle de bains pour trouver des médicaments. Je dois absolument y aller… Mais même en m’appuyant aux murs, j’ai du mal à tenir debout. Bon. J’y vais. C’est pas la première fois. J’ouvre lentement la porte de ma chambre et me dépêche d’aller à la salle de bains du mieux que je peux. Une fois là-bas, je prends des calmants que ma mère garde dans une boîte. J’en prends un directement et en garde deux pour plus tard, au cas où, puis repars dans ma chambre. Ni vu, ni connu.


Tout ira bien.

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